BIOGRAPHY
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Né en 1960 à Montalto-Uffugo, en Calabre dans le sud de l’Italie. Émigre à 3 ans pour le nord de la France.
Vit et travaille à Bruxelles.
Formation d’un an à l’école Maurice-Quentin-de-la-Tour à Saint-Quentin, où y est enseigné l’art du dessin et de la peinture, suivie de deux années aux Beaux-Arts d'Amiens - période où il décide de se consacrer exclusivement à la photographie – utilisée jusque là comme travail préparatoire à des peintures hyper-réalistes, et abandonne pinceaux et crayons au profit d'un appareil photographique.
Etudes de photographie durant deux ans et diplôme au CERIS (Centre d'Etudes et de Recherche de l'Image et du Son) à Paris, sous la direction d’Henry Coste.
1993 lauréat du prix de la Fondation Henri-Vincenot pour une série de photographies sur l'habitat populaire à Dijon. Cette même fondation produira l'année suivante un travail sur le territoire du Port autonome de Marseille, "Paysage autonome".
1994, séjourne plusieurs mois en Pologne grâce à l’obtention de la Bourse Léonard-de-Vinci du Ministère français des Affaires Etrangères pour un projet visant à dresser un état des lieux photographique de l'urbanisme d'après-guerre. Ce travail engendre une série de 200 triptyques intitulés "A la fenêtre".
1996 - 2000, retourne régulièrement dans son village natal où il entreprend un travail de mémoire, "Paese", sur sa famille, le village et les rituels ancestraux en milieu rural de cette région de Calabre.
2001 - 2009, nombreux voyages au Japon qui donnent lieu à une importante série de photographies et de courts métrages. Depuis plusieurs années réalisation d’un travail sur les paysages des déserts en Israël. Photographies et films.
Collabore aux revues Numéro, Vogue, Libération, Harper's Bazaar, Track, Wall Paper...
Sont actuellement en préparation plusieurs ouvrages: un consacré à son village natal, un autre à son travail en Israël ou encore sur les portraits de designers réalisés pour le magazine Numéro pendant dix ans, ainsi que des courts métrages produits par La Centrale Électrique, Paris.
EXPOSITIONS
2012 « Nudité », TAF galerie, Paris
2008 « Un jour de plus pour mon cœur en enfer », Anamorphée, Paris
2007 « Exploration de l'archipel oriental 2 », Gebau F, Breda, NL
2005 « Exploration de l'archipel oriental 1 », TAF galerie, Paris
2004 « PLV », Nogood Galerie, Paris
2002 « Des maisons Jean Prouvé », Galerie Jousse, Paris
2001 « Des maisons de Jean Prouvé », Villa de Noailles, Hyères, France
2000 « A la fenêtre », Maison d'art contemporain, Fresnes, France
1999 « Le Salon de photographie », Galerie Manu Timonéda, Aix-en-Provence, France
1998 « Everything but Manhattan », Maison Européenne de la Photographie (MEP), Paris
1997 « Les impératifs de l'amour », Galerie Manu Timonéda, Aix-en-Provence, France
« Everything but Manhattan », Musée de la photographie, Mougins, France
1996 « Photographes-voyageurs », Centre culturel, Castillon, France
« A la fenêtre », Galerie du Château, Nice, France
« Paysage autonome », Artothèque, Fos, France
1994 « Paysage autonome », Fondation Henri-Vincenot, Talant, France
1993 « Voyages », Collège d'Europe, Bruges
« Le site minier de Darcy » et « Maisons à Dijon », Fondation Henri-Vincenot, Talant, France
MARIO PALMIERI - EXPLORATION ORIENTALE
par Pierre-Yves Desaive- Avril 2013
L’exploration orientale à laquelle nous convient les photographies de Mario Palmieri n’est pas de celles qui débouchent sur une conquête, mais bien sur un apprentissage : elle porte en soi sa propre raison d’être. En cela, le titre de l’exposition est partiellement trompeur : il s’agit bien d’images du Japon (même s’il nous faudrait être plus précis, tant l’idée de « Japon » recoupe une grande diversité de réalités), mais dont l’exotisme est très différent de celui que notre esprit occidental, façonné par des siècles de récits de voyages, continue d’associer à l’Orient. Gauguin a beau avoir bâti de toutes pièces son paradis tahitien à l’aide d’emprunts à la Grèce antique ou à la culture indonésienne, ses tableaux n’en demeurent pas moins des arguments de vente pour les croisières dans les mers du Sud. L’homo occidentalis accepte volontiers ce qui a été créé artificiellement pour satisfaire son insatiable besoin d’exotisme. « Voici donc Tahiti fidèlement imaginée », écrivait pourtant Gauguin dans Songeries…
La photographie a joué dans ce cadre un rôle fondamental depuis le XIXème siècle. Mais tandis que les Orientalistes offraient des visions qui resteraient à l’état de songes inaccessibles pour le plus grand nombre, il est aujourd’hui possible d’aller, en quelque sorte, vérifier sur place. Surtout, à l’heure d’internet, la multiplication à l’infini d’images répondant à nos attentes d’exotisme rend plus crédible encore ce qui n’est qu’illusion. Plus dure sera la chute : aucune des photographies du Kinkaku-ji à Kyoto indexées par Google ne rend compte de la réalité du lieu, telle que la foule se pressant sur l’étroit sentier qui serpente autour du Pavillon d’Or dont il est, de toutes façons, impossible de s’approcher. Que les photographies de Mario Palmieri n’aient rien en commun, ni de près ni de loin, avec ces images d’Epinal, est une évidence sur laquelle il n’est nul besoin de s’attarder. Moins évidente par contre est la dimension exotique qui les caractérise néanmoins. Réalisées à la chambre technique 20 x 25, elles adoptent au premier abord les codes de la photographie objective, à laquelle Mario Palmieri reconnaît vouer une grande admiration. L’absence de titres descriptifs ainsi que le refus d’un recours à Photoshop n’a rien d’un hasard, et participe de cette démarche. Un second regard permet toutefois de nuancer cette première impression, et révèle le caractère proprement subjectif de ces images, en ce qu’elles s’attachent à retranscrire les expériences sensorielles qui lient intimement le photographe à son sujet – en totale opposition, donc, avec les préceptes de l’Ecole de Düsseldof.
Tous les grands voyageurs ont expérimenté ces moments où d’infimes détails, et non des paysages spectaculaires, rendent tangibles l’altérité du nouvel environnement dans lequel ils sont plongés : le véritable exotisme, en somme. Dans l’œil de Mario Palmieri, le Japon offre une infinie constellation de textures et de couleurs qui le rendent unique. C’est ce caractère d’unicité que traquent ses photographies, dans ce qui semble au premier abord n’être que de simples détails : la matière d’un mur ou d’une paroi métallique, la teinte changeante d’un enduit délavé par la pluie, la juxtaposition à l’extérieur d’une modeste habitation de tapis colorés destinés à l’intérieur, les vitres dépolies à l’entrée d’un tunnel, … Le photographe parle à leur sujet de la « peau » du pays qu’il a entrepris d’explorer – et une peau n’est jamais uniforme, quel que soit l’individu. Certains éléments témoignent de l’intérêt que porte Mario Palmieri à la nature et, dans le cas du Japon, à la manière dont elle colonise les moindres interstices laissés à sa disposition. Mais lorsqu’il réalise un paysage de neige, c’est encore le rapport à la matière qui guide son regard, et non le désir d’exalter la beauté du paysage (les deux n’étant pas antithétiques).
Les photographies du Japon de Mario Palmieri se partagent entre égoïsme et générosité : elles offrent au spectateur une expérience visuelle d’une très grande richesse, mais gardent pour elles ce qui fait la singularité, par nature intransmissible, de la relation entre le photographe et le lieu dont il s’efforce de retranscrire l’essence. Ainsi le couloir d’un hôtel anonyme de seconde catégorie, son tapis orange élimé, peut éveiller des réminiscences chez bon nombre de voyageurs habitués à se loger à moindre frais. Mais comment (faire) ressentir ce qui a frappé l’œil du photographe, cette propreté immaculée si japonaise qui dialogue avec la décrépitude du décor ? L’apprentissage auquel nous invite cette exploration orientale est donc double : apprendre à regarder, pour découvrir au-delà de l’apparente banalité du sujet la complexité du monde qui a rendu possible son existence ; apprendre, ensuite et surtout, à accepter que le véritable exotisme se niche dans cette apparente banalité. Tout cela est, finalement, très oriental.
MARIO PALMIERI
Exploration orientale
17.05.2013 / 29.06.2013
L'ESSENCE DU LIEU PLUTÔT QUE LA TROUVAILLE EXOTIQUE
"Exploration orientale" un état d’esprit nippon.
par Jean-Marc Bodson pour La Libre ART
Juin 2013
Qu'est-ce qui fait que les photographies de Mario Palmieri actuellement exposées à la Galerie duboisfriedland nous évoquent le Japon ? Qu’est-ce qui fait que, même sans savoir qu’il s’agit là du résultat de nombreux voyages dans l'archipel entre 2001 et 2009, il est évident au premier coup d'œil que ce que l’on voit à travers les images très détaillées ressort de la culture du pays du Soleil Levant ? En touts cas, aucun paysage emblématique, aucun intérieur "typique" et encore moins de personnages typés puisque ces photographies n’en montrent pas. Dès lors, puisque aucune image d’Epinal n’est convoquée en indice de la "japonéïté", la question "qu’est-ce qui nous évoque le Japon ?" est particulièrement passionnante car elle revient à se demander s’il existe un savoir visuel qui nous permette de reconnaître une culture exotique en dehors des clichés et des lieux communs. La réponse contenue dans cette exposition l’est tout autant. Elle est positive : oui, manifestement notre mémoire enregistre nombre de signes qui séparément ne nous disent pas grand chose, mais qui repris ensemble esquissent les contours d’une identité. Dans les quatre premières images proposées ici, c’est d’abord la géométrie qui nous dit à la fois une rigueur, une exigence, une précision et surtout une réserve, en fait un état d’esprit nippon. Sur cette toile de fond viennent s’inscrire des détails qui nous rappellent des façons de concevoir l’espace, d’utiliser la couleur, de choisir ses matériaux - en ce y compris ceux de la modernité - bref des façons de vivre au quotidien aujourd’hui au Japon. Qu’on se rassure donc, pas un toit de temple traditionnel dans ce bel ensemble, pas de minauderie pseudo Zen, pas de folklore bouddhiste, mais simplement des photographies saturées de connotations ou, pour le dire autrement, pleines de sous-entendus. Comme ces deux images de couloirs d’hôtel identiques suggérant à la fois une utilisation différenciée - un passage plus ou moins dense - et une même propreté maniaque du lieu. Comme ces vues en grand format suggérant la neige par l’absence de matière entre des brindilles et branchages. Comme ces coins de rue ou ces recoins d'îlots urbains bien réels que le photographe semble souhaiter nous faire passer pour des maquettes, c'est-à-dire pour des représentations fabriquées de toute pièce.
En définitive, Mario Palmieri - Français d'origine italienne installé à Bruxelles - nous invite ici à un exercice de "décentrement" auquel sa biographie l’incline nattuellement. Sous l'intitulé "exploration orientale", il nous propose une recherche nuancée de l’essence du lieu plutôt qu’un constat d’une trouvaille exotique. Un exercice d'intelligence au propre comme au figuré. Et l’on peut dire qu’à cette fin il met à notre disposition des photographies à la hauteur de son défi.