BIOGRAPHY
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translation by Françoise Dubois
Laurent Jourquin est né à Mons en 1974. De 1995 à 1999, études à l'Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, section peinture. Il vit et travaille à Bruxelles.
EXPOSITIONS SOLO: Juin 2011 : "Royal Belgian Export", galerie Maxence Malbois, Paris / Juillet 2010 : "37,2°", galerie Edina Suceska, Luxembourg /Avril 2010 : "L'enfance La peur Le sexe La mort", galerie Le vecteur, Charleroi.
EXPOSITIONS COLLECTIVES: 2012 Aeroplastics, Bruxelles / 2012 "présent ", "la Centrale Électrique", Bruxelles / 2011 "Flesh Factory", Rockerill, Charleroi / 2011 "Sex-toys or not sex-toys", galerie Libertine, Bruxelles / 2010 "Bones and trees", Archéoforum de Liège / 2009 "Plastic", Eglise Gesus, Bruxelles / 2008 "Opium", galerie Good Friday, Bruxelles / 2008 "Fluide", centre culturel de Thuin / 2008 "Plastic @ white Hotel", Bruxelles / 2006 "The end", galerie Good Friday, Bruxelles. 2011 : Collaboration avec les Bikinians (PIAS, Origami Music) pour le clip « Hit the fan ».
LAURENT JOURQUIN
Dirty Trouble aginst the Machine
06.09.2013 / 19.10.2013
Si je devais définir notre époque, je dirais qu'elle est de toutes les contradictions en étant parallèlement et paradoxalement celle de la prise de conscience : prise de conscience des injustices sociales au niveau national ou mondial, prise de conscience écologique dont les simulacres de solutions politiques arrivent difficilement à masquer les ravages toujours grandissants d'une politique de croissance économique mondiale, prise de conscience du système capitaliste de domination, qui condamne l'individu occidental à exécuter des tâches absurdes aliénantes, pour adopter un mode de consommation ayant des répercussions sur les citoyens des pays émergents, les réduisant en esclaves surexploités.
Si je pars du constat de cette prise de conscience, pour répondre au besoin viscéral de résister et de partager l'idéal d'insoumission qui m' anime et me motive à rentrer dans mon atelier, j'en arrive à la conclusion visuelle que constitue cette expo : un amalgame de principes dysfonctionnels et de valeurs contre-productives.
Je m'explique : a quoi bon répéter encore et encore ce que la majorité des gens informés savent déjà. À quoi bon poser des questions plastiques sur un marché, qu' il soit du pétrole ou de l'art, quand il suffit de lire les écrits de quelques théoriciens pour le comprendre ? A quoi bon essayer d'illustrer quelque réflexion, même parfaitement lucide et légitime, quand il suffit d'un clic pour trouver ces informations?Ma réponse ne se trouve pas dans l'évocation d'une réflexion, ni dans l'attaque affirmée de quelque valeur économique, mais dans l'adoption de valeurs contre-productives, afin de construire des installations, peintures, sculptures, sur des principes dysfonctionnels. C'est une réponse de posture.
Laurent Jourquin est un artiste bruxellois dont le travail a pu être vu, entre autres, sous forme d’œuvres monumentales tels “Michael Jackson & Bubbles: Memento Mori” à la Centrale Électrique et “The eyes of God” chez Aeroplastics, les deux en 2012.
Cet artiste utilisait, pour ces travaux, un matériau pauvre, le carton ondulé. Ce matériau lui avait déjà permis de décliner toute une famille de mises en scène politico-sexuelles. Qu’il s‘agisse d’animaux hypersexués ou d’hommes politiques ridiculisés (Bachar el-Hassad, Albert II, le Coq Wallon et le Lion Flamand) son registre s’est souvent insinué dans l’humour et la dérision.
Laurent Jourquin a étudié à l’École des Beaux-Arts de Bruxelles, option peinture. Et c’est, pour cette exposition, à la peinture qu’il revient. Bien sûr, pas à la peinture de chevalet – ou alors le chevalet, détruit, fait partie intégrante de la peinture – mais à l’idée même de peinture. Chez lui la peinture fait corps avec l’œuvre, elle est présente davantage tel un matériau que comme un médium. C’est un voyage vers une complexification – un enrichissement – du message, un saut dans la troisième dimension, devenant ainsi sculpture. Dans ses peintures récentes, ainsi que dans la sculpture exposée chez duboisfriedland, chaque élément fait sens et traduit une obsession et un acharnement de destruction du « système » (the machine) capitalistique, une forme “d’acmé” déjà en germe dans ses travaux en carton.
De nombreux matériaux – autour de la peinture - sont désormais utilisés et rappellent, renforcent, l’idée que celle-ci reste un medium fort et au maniement encore inattendu.
C'est une attitude affirmée. C'est une façon de mettre le paraître au service de l'être (un être d'opposition, pas d'obéissance aveugle), et non de travailler ce paraître pour se plier aux impératifs d'un système de production.
Ainsi, face aux exigences d'équilibre et d'adaptation sociale, j'oppose la névrose revendiquée et la logique dysfonctionnelle. Face à l'assurance et à la confiance reflétant la bonne santé d'un marché, j'affirme une esthétique auto-dépréciative, de destruction (après construction) et de crasse. Face à la sobriété convenue offrant des repères esthétiques aisés, "pré-fabriqués" et facile à digérer, je construis un travail complexe, brutal et fragmenté. Face à la prétendue maturité réellement dictatoriale d'une majorité laborieuse, j'oppose une puérilité faite de couleurs acidulées qui pourrait sortir d'une crèche d'enfants anarchistes. Face à la lecture unique et rassurante d'une pièce existant pour elle-même, je crée une dépendance des oeuvres entre elles, multipliant les points de vue et les signes...
Cette exposition s'est donc construite sur l'exploration des limites de la liberté individuelle, rejetant tout principe d'adaptation et de conformité pour élaborer l'hypothèse esthétique d'une pensée libre de se détourner d'elle-même et de ses buts et habitudes à tout instant. Elle repose sur les fondations mouvantes qui supportent l'architecture changeante de l'identité dont le mouvement perpétuel, la fuite ou l'évitement, constituent une résistance ultime face à la rigidité alourdissante de la machine asservissante...
Laurent Jourquin, Juillet 2013
You might know Brussels artist Laurent Jourquin for his monumental works (among others), such as “Michael Jackson and Bubbles: Memento Mori” at the Centrale Electrique and the “Eyes of God” at Aeroplastics, both exhibited in 2012. For these works, the artist favored corrugated cardboard, an inexpensive material. This material had already allowed him to produce a series of political/sexual scenes. Whether it is about hyper sexed animals or ridiculed politicians (Bashar al-Assad, Albert II, the Walloon Rooster and the Flemish Lion), his range often sneaked into humor and derision.
Laurent Jourquin majored in painting at the Brussels School of Fine Arts. For this exhibition, he came back to painting. Of course, not painting with an easel –or, if so, a damaged easel became an integral part of the painting—he came back to the idea of painting. For him, the paint is part of the work, more of a material than a medium. It is a journey towards complexity, an enrichment, of the message, a leap into the third dimension, becoming sculpture. In his recent paintings, as well as in the sculpture exhibited at duboisfriedland, each element makes sense and expresses an obsession and a fierce taste for the destruction of the capitalist system (the machine), an “acme” already germinating in his cardboard works. From then on, many materials –around paint—are used, and remind us of, reinforce the idea that it remains a strong medium and that its handling can still be unexpected.
If I had to define our period, I’d say that it is one of all contradictions while also being paradoxically and at the same time one of awareness: awareness of social injustice at the national and global level, ecological awareness with its travesties of political solutions that can barely mask the always growing damages of global economic growth policies, awareness of the capitalist system of domination that condemns the Western world individuals to execute alienating, absurd tasks in order to adopt a mode of consumption that has repercussions on the citizens of emerging countries, reducing them to over-exploited slaves.
If I start with this premise of awareness to answer the visceral need to resist and to share this rebelliousness ideal that drives me and motivates me to enter my studio, I reach the visual conclusion, which constitutes this exhibit: a mixture of dysfunctional principles and counter-productive values.
I’ll explain: what’s the point of repeating over and over again what most informed people already know? What’s the point of asking questions about a market, whether it be oil or art when reading a few books by theoreticians is enough to understand it? What’s the point of trying to illustrate any kind of thoughts, even the legitimate and lucid ones when one click will get you the information? My answer won’t be found in the evocation of a thought, nor in the stated attack of any economic value, but in the adoption of counter-productive values in order to build sets, paintings, sculptures based on dysfunctional principles. It’s a posture answer. It’s an asserted attitude.
It is a way to put the appearance at the service of the being (a being of opposition, not of blind obedience) and not to work the appearance to bend in front of the imperatives of a system of production.
And so, faced with demands of balance and social adaptation, I oppose the claimed neurosis and dysfunctional logic. Faced with assurance and confidence reflecting a market’s good health, I claim self-deprecating esthetics of destruction (after construction) and of grime. Faced with agreed sobriety offering comfortable esthetic, “prefabricated” and easy to digest points of reference, I build a complex, brutal and fragmented work. Faced with the truly dictatorial so-called maturity of a laborious majority, I oppose a childish thing made of neon colors that could have come out of an anarchist children daycare. Faced with the unique and reassuring reading of a play existing for and by itself, I create a dependence of the works on each other, multiplying points of view and signs…
Therefore, this exhibition was built on the exploration of the limits of individual freedoms, rejecting any principle of adaptation and conformity to elaborate the esthetic hypothesis of a thought free to shy away from itself, its goals and habits at any time. It rests on shifting foundations that support the changing architecture of identity whose perpetual movement, escape or avoidance constitute the ultimate resistance in the face of the burdening rigidity of the enslaving machine…
Laurent Jourquin, Juillet 2013