BIOGRAPHIES
We Love Art
Claude Lorent pour La Libre Arts Novembre 2011
Quatre jeunes plasticiens de la région liégeoise manifestent par leurs œuvres réunies en une exposition non thématique leur amour de l'art, mais bien malin celui qui en tirera une définition ! Des artistes à ne pas quitter du regard.
RIEN NE LES RASSEMBLE VÉRITABLEMENT MAIS qu'importe, ce sont les démarches et les œuvres qui comptent, rassemblées sous le titre d'une performance exécutée en 2006 au
Palais des Beaux-Arts de Bruxelles dans le cadre de la programmation A4 (B.P.S.22) par une des exposantes, Karine Marenne, en la circonstance associée à Roberta Miss. Elles proclamaient « We love Art » et cet amour-là n’est pas prêt à se tarir à en juger par les manifestations qui ont suivi cette déclaration. Pour l'heure et en galerie, à travers photographies, vidéo entraînante et installation ad hoc, Karine Marenne réanime la pièce susnommée qui, en impliquant directement des acteurs du milieu artistique dans une séance parodique de gymnastique, construit un parallèle entre deux mondes, l'art et le sport, dans lesquels les performances et les bons résultats sont à l'ordre du jour. Il faut être le meilleur et pour cela aucun entraînement n'est à négliger, il ne faut pas ménager ses efforts et il est nécessaire d’endosser la tenue de rigueur. Suez, suez, il en restera quelque chose, le but étant d'atteindre le podium. C'est la course vers le titre de « Startartiste »! Ironique? Pensez-vous ! C'est bien vu, drôle et savoureux.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, Sophie Langohr n'est pas photographe. Ce qui compte chez elle, c'est la démarche qui une fois encore, calque un comportement typique de notre époque et des valeurs d'une société pour en déduire un propos critique. Le paraître - jeune de préférence - a gagné aujourd'hui sous le matraquage publicitaire toutes les tranches d'âge, mais les sommets himalayens sont atteints par les traitements cosmétiques pour les femmes. L'artiste s'est interrogée sur l'impact des pratiques artistiques et a donc proposé à quelques mannequins non professionnels, de se prêter à une séance un peu particulière de maquillage. Les produits pour celles qui le valent bien sont remplacés par ceux utilisés par les peintres et dessinateurs : crayons de couleur, huile, gouache... Et voilà les belles déguisées en œuvres d'art se prêtant aux flashes des photographes.
L'art est vivant ! Mais qu'est-ce donc que la beauté ?
Il s'est imposé une grammaire graphique dont il ne départit pas et agit à la lisière de la peinture en traçant inlassablement des contours qu'il multiplie jusqu'à ce que les sujets prennent consistance. Les modèles sur lesquels lorgne Thomas Urban tout en s'en inspirant très librement sont des chefs-d'œuvre picturaux, rien moins. C'est sa manière de réinterroger l'art tout en le réinventant dans un style linéaire baroquisant qui vaut signature par son exploitation répétitive et systématique. Pour cette expo, il focalise sur les corps, les relations hommes-femmes, qu'il place dans des décors d'un autre temps et rutilants par l'utilisation du doré. On voyage entre le kitsch et une forme d'imagerie un peu aguichante qui ferait de l’artiste un de ces singuliers de l’expression artistique.
Mathieu Nozières est peintre en deux registres. L'un, en petits formats noir et blanc, sortes d’églomisés a l'encre sur plastique. Des œuvres souvent dures qui nous interrogent sur ce qu'elles sont et sur ce qu'elles signifient. Doutes et questions surgissent de cette étrangeté. L'autre en peintures sur toiles pas moins étranges car cultivant une sorte de condensation d'éléments qui constituent finalement un monde disparate entre réalité et imaginaire, entre fiction et culture. Un concentré de références plus ou moins déchiffrables qui sont livrés comme dans l'urgence, dans la suggestion, sans fioriture, dans ce type de peinture terriblement habile, typiquement d'aujourd’hui, dans la distance de la démonstration talentueuse. Et la question qui surgit immanquablement est : qu'est-ce que la culture, la peinture, et l’art?
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Sophie Langohr née à Liège en 1974 vit à Mortier. Elle a exposé en solo en la galerie Flux à Liège; en expos collectives en Belgique (La Louvière et Liège), à Paris et à Berlin.
Karine Marenne. Originaire de Chênée en 1975, elle vit et travaille à Bruxelles. Diplômée de l‘Esapv à Mons, elle expose régulièrement en groupe depuis 1999, notamment au musée de Liège et d’Ixelles, au Ianchelevichi de La Louvière, au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles..., également à Séoul et à Nice. En solo à la Maac, à la galerie les Contemporains à Bruxelles.
Mathieu Nozières est français puisque né à Grenoble en 1988 mais il vit et travaille à Liège où il a étudié la BD. Il a également suivi une formation de peintre à l'université de Cluj en Roumanie. Il a exposé à la galerie Flux â Liège.
Thomas Urban a obtenu un master aux Beaux-Arts de Liège, ville où il vit, travaille et où il est né en 1984. Ila été primé par Canvas/RTBF en 2010 et fut l'un des lauréat au prix Collignon avec expo au Mamac à Liège.
GROUP SHOW
We Love Art
11.11.2011 / 17.12.2011
Artists exhibited:
SOPHIE LANGOHR / KARINE MARENNE / MATHIEU NOZIÈRES / THOMAS URBAN